Évaluation des risques liés à la gestion des aquifères côtiers en Algérie

Assessment of Risk related to Coastal Aquifers Management in Algeria

¹ Laboratoire de Géo-Environnement, Faculté des Sciences de la Terre, Université des Sciences et de la Technologie Houari Boumediene, FSTGAT / USTHB, El Alia 16111 Alger, Algérie.
e-mail : ahaouchine@gmail.com
² Laboratoire CEDETE, Université d'Orléans, Château de la Source. Avenue du Parc Floral BP6749, 45067 Orléans Cédex 2. France.
e-mail : rachid.nedjai@univ-orleans.fr

Résumé

Après un bref aperçu et un diagnostic de l'état actuel des aquifères côtiers algériens, un tableau des diverses contraintes, pressions et sollicitations de ces aquifères est dressé. Il en ressort que dans l'ensemble, les aquifères côtiers algériens sont fortement sollicités par des usages concurrentiels (population, agriculture et tourisme) en plus des changements climatiques qui se font sentir de manière sensible où le déficit pluviométrique est évalué à près de 30 %.

L'état des aquifères côtiers algériens et les évolutions récentes les affectant montrent que les déficits importants observés (sur la base de la confrontation besoins-ressources) vont se creuser davantage. Aux risques d'épuisement, se superpose la dégradation qualitative de la ressource, essentiellement les risques d'intrusion marine (où certains aquifères sont déjà abandonnés) et les pollutions anthropiques liées aux activités agricoles (92 % des échantillons analysés sur l'aquifère de la Mitidja dépassent la concentration maximale en NO₃ admissible pour l'AEP) et industrielles (où 250 000m³ d'eau usée sont rejetées quotidiennement dans le cours d'eau de Oued El Harrach).

L'ambitieuse stratégie élaborée par les institutions compétentes est concrétisée sur le terrain par un ensemble de projets et d'actions, notamment la mobilisation des ressources non conventionnelles telles que le dessalement de l'eau de mer (950 hm³/an à l'horizon 2030) et la réutilisation des eaux usées (où 251 stations produiront 1 200 hm³/an en 2030).

Enfin, même si à moyen terme, la demande semble satisfaite, il n'en demeure pas moins qu'une politique rigoureuse de gestion de la demande est nécessaire, ceci à travers : (i) un développement scientifique (monitoring, modélisation, système d'information et d'aide à la décision), (ii) une gestion adéquate fondée sur des mécanismes financiers afin d'éviter le gaspillage, (iii) une politique de sensibilisation et de communication.

Abstract

After a brief overview and a diagnosis of the current state of the Algerian coastal aquifers, a table of various constraints, pressures and stresses of these aquifers is drawn. It shows that, overall, the Algerian coastal aquifers are highly stressed by competing uses (population, agriculture and tourism) in addition to climate changes that are being felt significantly, with a rainfall deficit estimated at nearly 30%.

The status of Algerian coastal aquifers and recent developments affecting them, show that the large deficits observed (on the basis of the confrontation-resource needs) will widen increasingly. Moreover, to the risk of resources depletion, is superimposed a qualitative degradation, mainly the risk of seawater intrusion (where some aquifers are already abandoned) and an anthropogenic pollution related to agricultural activity (92% of samples analyzed on the Mitidja aquifer, exceed the maximum permissible concentration for nitrats) and industrial activities (where 250 000 m³ of wastewater are discharged daily into the Oued El Harrach river).

To overcome this, an ambitious strategy was developed. It materialized by a set of projects and actions, especially the mobilization of non-conventional resources such as desalination of sea water (950 hm³ / year by 2030) and reuse of wastewater (where 251 stations will produce 1 200 hm³ / year in 2030).

It nevertheless remains that a rigorous policy of demand management is needed, this through: (i) a scientific development (monitoring, modeling, information systems and decision support), (ii ) an adequate management based on financial mechanisms in order to avoid waste, (iii) a sensitization and communication policy.