Issue |
LHB
Number 4, Août 2020
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Page(s) | 65 - 71 | |
DOI | https://doi.org/10.1051/lhb/2020041 | |
Published online | 28 September 2020 |
Article de Recherche / Research Article
Le bocage sahélien ou comment utiliser la pluviosité saisonnière au Sahel subsaharien
The Sahelian grove (summary)
ENSG Ing., Association Mil'École,
9, rue de Sarreguemines,
57150
Creutzwald, France
* Correspondance : svetaserge.ramon@numericable.fr
Reçu :
13
Mars
2020
Accepté :
11
Août
2020
La désertification du Sahel au Burkina Faso est la conséquence du changement climatique et de la déforestation. Le bois est la seule source d'énergie accessible à une population en fort accroissement. La disparition des arbres laisse sans protection la végétation sensible à la sécheresse et la chaleur. La savane laisse place au sol nu parsemé de buissons. Sur ces sols durcis par huit mois de saison sèche, les épisodes pluvieux de mi-mai à mi-septembre génèrent d'importants ruissellements. Pour s'adapter à ces conditions, on valorise la pluie en la retenant sur le lieu où elle tombe. Les sites bocagers développés par l'ONG Terre-Verte associent pratiques locales, agronomie bioécologique et adaptation du sol. En périphérie de site, une haie mixte de grillage et de buissons adaptés à la longue saison sèche protège des animaux et retient l'eau. À l'intérieur, une centaine de parcelles de 0,8 ha comporte des arbres, une diguette plantée sur les côtés bas et un bassin d'infiltration. L'aspect général est celui d'un bocage. Le champ est travaillé en zaï : chaque plant est déposé dans un trou dont les déblais retiennent l'écoulement. Ce sol rugueux ralentit l'eau en l'infiltrant. On pratique la rotation céréales–légumineuses–jachère pâturée (en relation avec les pasteurs Peuls). La création d'un site de 100 ha coûte environ 80 000 € et il faut encadrer les paysans. La condition primordiale est le consensus de la population sur la maîtrise foncière et le choix des familles bénéficiaires. La production est deux à trois fois plus élevée qu'antérieurement, ce qui suscite des demandes de création par les populations voisines.
Abstract
Sahel desertification in Burkina Faso is the consequence of global climate change and deforestation. Wood is the only energy source for a rapidly growing population. Tree felling leaves ground vegetation unprotected, as far as drought and heat are concerned. Savanna gives way to a bare ground scattered with bushes. On these grounds hardened by eight months of drought, rain from June to September generates significant runoffs. In order to adapt to these conditions, valuable rainwater is retained wherever it falls. Grove sites developed by NGO Terre-Verte combine local farming practices, agronomy and ground modelling. All around the site, a fenced with a droughtproof hedge provides protection from the wildlife and retains runoff water. Inside the area, there is about a hundred 0.8 ha fields with trees, a dyke set along the lower edges and a pond. The local cultivation practice is called “zaï”: the seeds are buried in a hole with heaped edges to retain water. This rugged soil slows water down during infiltration. Crop rotation is practiced as follows: cereal (mil, sorghum), legume (bean, sesame) and pasture fallow (in relation with nomadic breeders). The creation of a 100 ha (250 acre) site costs 80,000 € and workers need to be supervised. The main condition is to get the population's agreement as to landholding and the selection of beneficiary families. The production is now twice as high as before, which leads neighboring populations to request the creation of new sites.
Mots clés : déforestation / désertification / gestion de l'eau / Burkina Faso / Sahel
Key words: deforestation / desertification / water management / Burkina Faso / cultivation
© SHF, 2020